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Action Logement Nouvelle-Aquitaine : « Les collectivités doivent définir une vraie stratégie foncière »

Écosystème
mardi 21 février 2023

Sébastien Thonnard, directeur régional d'Action Logement Nouvelle-Aquitaine. Crédits : Action Logement

L’année dernière, le groupe Action Logement, via ses six filiales présentes en Nouvelle-Aquitaine, a obtenu 3.800 agréments pour la construction de logements sociaux et intermédiaires. Quels sont les freins à la construction, et les leviers à actionner pour atteindre les objectifs nationaux ? Éléments de réponse avec Sébastien Thonnard, directeur régional Nouvelle-Aquitaine d’Action Logement.

Cela fait plusieurs années que l’on parle d’un déficit de logements sociaux à l’échelle nationale. Où en est-on, aujourd’hui, en Nouvelle-Aquitaine ?
Sur la région, en 2022 comme en 2021, les objectifs de production n’ont pas été atteints. C’est une situation qui découle d’une addition de facteurs. D’abord, il y a une problématique d’accès au foncier pour les bailleurs sociaux, il est difficile de trouver des terrains disponibles à un prix permettant de sortir des loyers modérés. Ensuite, il y a la hausse des coûts de construction qui ont explosé depuis un an. Cela donne des marchés de travaux infructueux, car beaucoup plus chers que ce qu’avaient imaginé les bailleurs… Qui doivent repasser de nouveaux marchés, donc les projets prennent du retard. Troisième facteur, les capacités financières des bailleurs sociaux sont fortement amputées depuis 2018 et la loi ELAN, ce qui pèse sur leurs ressources… Et enfin, dernier facteur, la hausse du taux du Livret A depuis un an - qui est de 3% aujourd’hui. Car les taux d’intérêt auxquels sont confrontés les organismes HLM sont indexés au taux du Livret A. Donc lorsqu’il augmente, c’est une bonne nouvelle pour les épargnants, mais ça augmente le coût de la dette des bailleurs sociaux…

Quels sont les leviers à actionner pour construire plus de logements sociaux ?
Il faut que les collectivités locales définissent une vraie stratégie foncière. C’est-à-dire, qu’elles aient une volonté partagée qui permette de dégager du foncier disponible, pour y construire des logements abordables… Car aujourd’hui les propriétaires privés essayent d’optimiser au mieux leur foncier, ce qui le rend très cher. Mais il existe de nombreux outils, y compris contraignants, pour mobiliser ce dernier. Des outils qui appartiennent à l’Etat, aux collectivités… En parallèle, les bailleurs sociaux sont en lien avec la Banque des Territoires pour retravailler leur dette, et la rendre plus soutenable. Globalement, les financements sont là, tant du côté de la Banque des Territoires que d’Action Logement, et on est plus sur un problème d’accès au foncier et de volonté politique.

Quelles sont vos priorités, en 2023, en Nouvelle-Aquitaine ?
Nous en avons plusieurs, mais la première est d’intervenir dans les bassins d’emplois. Car notre objectif est d’offrir un logement abordable au plus près de ces zones d'emplois, pour les salariés. C’est donc tout le littoral atlantique avec trois grands pôles, l’agglomération bordelaise, la côte basque et l’agglomération rochelaise. Le sud des Landes devient aussi de plus en plus tendu, car la situation est telle au Pays basque que les gens commencent à remonter la côte landaise pour se loger. Ensuite, sur les 67.000 salariés que nous avons accompagnés dans leur parcours logement l’année dernière, les deux-tiers ont moins de 30 ans. C’est une priorité pour nous car ce sont souvent les jeunes salariés qui ont le plus de mal à se loger dans le parc privé, et qui ont donc besoin d’une aide financière. Enfin, en 2023 nous aurons un fort enjeu autour de la réhabilitation de notre patrimoine. Nous avons présenté il y a quelque temps un plan de décarbonation, pour nous permettre d’éradiquer l’intégralité des passoires thermiques - et ce, dès la fin de l’année. Mais on ne veut pas lever le pied sur la production neuve, donc on va mener de front un effort de production, et accélérer la cadence sur la réhabilitation.

Le groupe Action Logement compte six filiales en Nouvelle-Aquitaine : Domofrance, Clairsienne, Immobilière Atlantic Aménagement, Noalis, Enéal et In’li. Elles représentent 90.000 logements sociaux et intermédiaires, sur les 320.000 du parc régional. Action Logement a obtenu 3.800 agréments en 2022, représentant près de 40% de la programmation régionale.